BIOGRAPHIE

 

Germaine Tremblay et Roger Lajoie

Texte de Christine Martel

lu à la présentation de Roger Lajoie

au Gala de l’Ordre du Bleuet, le 19 novembre 2021



Être de son temps, c’est sans doute l’occasion rêvée de prendre conscience de qui on est. Roger Lajoie l’a très vite compris. Cet homme dynamique et cultivé, au patronyme prédestiné, sème la bonne humeur autour de lui et investit son époque. Bénévole de toutes les causes, il vit selon des convictions aussi profondes que ses racines, qui rejoignent celles des bâtisseurs d’hier et d’aujourd’hui. Dès que l’occasion se présente, l’impénitent conteur confie volontiers ses anecdotes à un auditoire conquis d’avance, dans une éloquence au service d’un engagement indéfectible, qui contribue, depuis des années, à mettre en lumière les éléments du patrimoine régional qui ont façonné notre culture. 


C’est sur la toute petite île Sainte-Anne, située au centre-ville d’Alma, que vient au monde Roger le 1er mai 1939. En 1943, il déménage à Riverbend, futur quartier patrimonial, avec son jeune frère Pierre et ses parents, Florent Lajoie et Geneviève Leborgne, dans une maison de la compagnie Price Brothers. Quelle surprise, une fois dehors, de découvrir qu’il est dans un « autre pays »! Celui qui dut apprendre l’anglais à quatre ans, se fait rapidement des amis, les premiers d’une grande lignée. La curiosité et le désir d’aller plus loin, qui guident souvent nos choix, naissent parfois de la nécessité.


En 1952, on inscrit le studieux garçon au Collège Saint-Sacrement de Terrebonne, où sa soif d’expériences l’amène à faire de la radio étudiante, du journalisme, du théâtre, de la photo, devenir moniteur de gymnastique et servir de barbier pour ses confrères. En 1958, après la sixième année du cours classique et se croyant appelé par le Très-Haut, il entre au noviciat de la Congrégation du très Saint-Sacrement, à Québec, et y poursuit des études en philosophie et en théologie, chez les Jésuites. En 1963, il est envoyé à l’Université catholique de Cleveland, en Ohio, pour une année. En 1965, désormais convaincu de ne pas être destiné à la prêtrise, le jeune homme revient à la vie civile et s’inscrit à la faculté d’Éducation de l’Université Laval. Un an plus tard, on le retrouve comme enseignant en sciences humaines au Collège d’Alma. Finalement, en 1971, il devient conseiller pédagogique à la Commission scolaire du Lac-Saint-Jean, jusqu’en 1997, année de son départ à la retraite. 


Dès les années 1970, deux ans après avoir épousé Esther Lamontagne qui lui donnera trois beaux enfants, l’intérêt pour l’histoire régionale et son désir de la faire connaître, titillent le communicateur dans l’âme. C’est en 1982 qu’il accepte la présidence de la Société d’histoire d’Alma, actuelle Société d’histoire du Lac-Saint-Jean, où il siègera pendant plus de dix ans au sein du conseil d’administration ainsi qu’à la présidence. Le membre à vie se fait d’ailleurs toujours un devoir d’assister aux nombreuses activités de la Maison des Bâtisseurs, dont une des salles porte désormais son nom. Celui qui crie « présent » quand on a besoin de lui, a aussi été conseiller municipal à Alma, durant huit ans, pour y défendre activement les arts, la culture et l’environnement, au prix d’une réputation d’idéaliste et de battant pas du tout surfaite.


Le destin s’acharne malheureusement sur le jeune père de famille qui perd subitement, en 1976, la mère de ses enfants, à l’âge prématuré de 39 ans. Sophie, Louise et Jean-Claude, alors âgés de sept, quatre et deux ans, sont donc pris en charge par ce père seul qui, défiant les préjugés du temps, décide de les élever lui-même. En essayant de leur procurer une vie de famille normale, remplie de voyages, de sports, d’apprentissages et de complicité, il s’engage à faire de ses protégés des adultes accomplis. Cinq magnifiques petits-enfants, Xavier, Edward, Colin, Lou et Elliot, rejoignent le clan familial, ajoutant à la fierté de ce grand-père inspirant, qui partage désormais ses valeurs et son quotidien avec son épouse et complice, Lucie Croft. Amateur de théâtre, de musique classique et de spectacles de qualité, sa présence assidue aux événements de tous genres est la preuve que sa soif d’apprendre et de découvrir est restée intacte.


Éducateur reconnu par ses pairs et par ses élèves, Roger Lajoie est l’un des développeurs communautaires et culturels les plus impliqués au Saguenay–Lac-Saint-Jean et au-delà de nos murs. Son engagement est nourri de sa persévérance et de sa curiosité, ainsi que de son désir de combler celle-ci. Les secteurs de l’éducation, de l’environnement et de l’histoire régionale lui doivent, à ce titre, une fière chandelle. Grâce à lui, ils ont hérité d’outils éducatifs novateurs et éclairants. Enseignant, conseiller pédagogique, conseiller municipal, auteur de nombreux livres et de mémoires, conférencier, consultant et hardi défenseur du patrimoine, à l’instar de bien des développeurs de territoires, quand quelque chose n’existe pas, le fidèle Almatois le fonde dans un esprit de générosité à toute épreuve. 


De nombreuses autres implications lui valent prix et reconnaissances : la fondation du groupe MADI (Matériel Didactique Éducatif) par exemple, voué à développer des outils pédagogiques, dont le rayonnement se voit félicité et encouragé financièrement par l’UNESCO ; le lancement du journal Le phare, aujourd’hui Le Bâtisseur, lien indispensable avec les nombreux membres de la Société d’Histoire du Lac-Saint-Jean ; le Prix Dollard-Morin, en 2010, rendant hommage aux personnes qui se sont distinguées par la qualité de leurs actions bénévoles dans leur communauté.


Nous trouvons, dans la connaissance du passé, de quoi éclairer notre présent et construire notre avenir. N’est-il pas façon idéale d’assurer sa propre continuité ? En partageant ses intérêts et son érudition, Roger Lajoie participe à enrichir sa société. Que ce soit en outillant les écoles ou en valorisant les sports et les loisirs, son enthousiasme de tous les instants et son dévouement inébranlable prouvent, hors de tout doute, qu’en donnant l’on reçoit beaucoup; et qu’en combattant l’ignorance et valorisant le dépassement, l’on contribue de façon déterminante à l’évolution des mentalités. 



2 commentaires:

  1. Bravo, très cher Roger, pour cette nomination tellement méritée !

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    1. Chère Christine,
      Merci infiniment pour ton magnifique texte que je ne pouvais pas apprécier pendant ta présentation autant que je le peux maintenant à la maison, comme il mérite de l'être. Et j'en suis intensément touché et immensément reconnaissant.
      Étant un être très émotif, je pleure facilement dans ces moments-là. Mais j'ai réussi à me retenir. Par contre, c'est maintenant en te lisant que je m'abandonne à une vive émotion, tout en prenant le temps de me laisser bercer par ton écriture poétique. Je suis honoré que tu sois l'auteure choisie pour cette courte bio. Amicalement, Roger Lajoie

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POURQUOI L’ORDRE DU BLEUET



L'intensité et la qualité de la vie culturelle et artistique au Saguenay-Lac-Saint-Jean est reconnue bien au-delà de nos frontières. Nos artistes, par leur talent, sont devenus les ambassadeurs d'une terre féconde où cohabitent avec succès toutes les disciplines artistiques. Cet extraordinaire héritage nous le devons à de nombreuses personnes qui ont contribué à l'éclosion, à la formation et au rayonnement de nos artistes et créateurs. La Société de l'Ordre du Bleuet a été fondée pour leurs rendre hommage.La grandeur d'une société se mesure par la diversité et la qualité de ses institutions culturelles. Mais et surtout par sa volonté à reconnaître l'excellence du parcours de ceux et celles qui en sont issus.